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COMMUNIQUÉ DE PRESSE AU GRAND-BORNAND, LA NEIGE ARRIVE…. PAR LA ROUTE
Jeudi 1er décembre 2022
Jusqu’aux plus hautes instances du ski français, à juste titre, on a critiqué les rubans de neige artificielle des JO de Pékin ou encore l'attribution des Jeux asiatiques d’hiver à l'Arabie saoudite. Pourtant, dans les montagnes françaises aussi, l’environnement est parfois encore sacrifié sur l’autel des grandes manifestations sportives… Un ballet de camions défile actuellement au Grand-Bornand (74), pour transporter 24 000 m3 de neige artificielle. L’objectif ? Couvrir une piste à l’occasion d’une étape de la Coupe du monde de biathlon qui se tiendra à 930 m d’altitude du 12 au 18 décembre.
SPONSORING, CARBONE ET PRATIQUE SPORTIVE EN MONTAGNE
Mais pourquoi transformer une épreuve sportive de montagne en cirque motorisé ? Peut-être parce que le sponsor principal du circuit de la coupe du monde de biathlon est une célèbre marque automobile…
Faut-il en déduire que les traditionnels tours de pénalité imposés aux skieurs se feront eux-aussi en camion ? Alors que l’heure est à l’engagement de tous pour des transitions énergétiques et écologiques, assister encore à ce type de pratiques est grave. Quelle image donnons-nous des activités sportives dans nos montagnes ? Quelle considération portons-nous aux drames écologiques et sociétaux auxquels nous allons tous être confrontés ?
L’EAU, BIEN COMMUN DE NOTRE PLANÈTE
Cette neige, artificielle et carbonée, provient d’un espace de stockage alimenté par des canons à neige dont l’eau est pompée dans le lac de la Cour, lui-même alimenté par la retenue collinaire du Maroly, l’une des plus grandes de France.
On ne le répètera jamais assez, produire de la neige artificielle n’est pas sans impact pour les grands équilibres du cycle de l’eau. À l’échelle d’un bassin versant, la quantité d’eau initiale n’est en réalité pas la même que la quantité d’eau finale ; c’est tout l’écosystème qui s’en trouve perturbé.
Enfin, le problème majeur lié à la production de cette neige de culture réside dans l'obstination à maintenir à tout prix le modèle industriel de la neige, que son rendement soit le plus haut possible, sans remettre en cause son essence même. On observe un refus de la conjoncture : l'évolution des aspirations sociétales d'une part et les changements climatiques en cours, d’autre part, lesquels entraînent une hausse des températures, d'autant plus rapides en montagne.
« UNE COUPE DU MONDE QUI ENTEND PRENDRE SA PART EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT »
À la lecture du dossier de presse de l’évènement, nous avons découvert avec stupeur cet engagement affiché des organisateurs. Ce discours relève du pur greenwashing et nuit gravement à l’indispensable mobilisation de tous les acteurs de nos massifs pour engager ensemble de réelles transitions dans tous les domaines de nos vies en montagne.
Il est du ressort de l'Union internationale de biathlon de veiller à la planification de ses compétitions à des périodes et lieux propices à l’enneigement naturel. Les stations candidates quant à elles devraient choisir de refuser l’organisation d’évènements qui ne répondent pas aux engagements écologiques.
Nos associations déplorent que ces pratiques soient encore autorisées, au mépris de l’intérêt général. Le Qatar et l’Arabie Saoudite n’ont qu’à bien se tenir, nous pouvons rivaliser avec eux sur le plan de la banalisation des atteintes à l’environnement, sous couvert des belles valeurs du sport…
S’engager résolument et tout de suite vers la neutralité carbone devient vital, pour un devenir où l’harmonie entre montagne à vivre et montagne sauvage deviendra possible et désirable.
Notre responsabilité collective est de tourner cette page de la montagne artificialisée pour cheminer résolument ensemble vers un XXIème siècle vivable et enviable.